Aperçu du marché : Où et comment le dioxyde de carbone est-il stocké au Canada?
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Date de diffusion : 2025-01-08
Les émissions de gaz à effet de serre (« GES ») peuvent être réduites par des pratiques, des outils et d’autres stratégiesNote de bas de page 1, y compris des technologies de gestion du carbone qui éliminent ou réutilisent le dioxyde de carbone (« CO2 »)Note de bas de page 2. Le CO2 est stocké naturellement sous de nombreuses formes (puits de carbone) dans les océans, les sols et les arbres, mais ces formes ne stockent pas nécessairement le CO2 de façon permanente et peuvent ne pas correspondre directement à une source de production de CO2Note de bas de page 3. Les puits de carbone artificiels, comme la plupart des projets de captage et de séquestration du carbone (CSC) actuellement en exploitation, injectent du CO2 dans des formations géologiques profondes, ce qui constitue un moyen à long terme, ou permanent, de stocker de grandes quantités de CO2 et de prévenir son rejet dans l’atmosphère.
Le stockage géologique du carbone piège le CO2 injecté de la même manière que les réservoirs de pétrole et de gaz. Les réservoirs de stockage géologique du carbone comprennent notamment les aquifères salins (eau salée), les gisements de pétrole et de gaz épuisés, les gisements de pétrole parvenus à maturitéNote de bas de page 4Note de bas de page 5 et les veines de charbon inexploitablesNote de bas de page 6 (figure 1). À l’échelle mondiale, la plupart des projets de CSC sont réalisés sur terre, mais certains le sont en mer et exigent l’injection du CO2 dans des formations géologiques du sous-sol marin.
Qu’est-ce qui fait un bon réservoir de stockage de CO2?
Les réservoirs de stockage de CO2 sont des formations rocheuses comportant des pores communicants (petits trous et vides entre les grains minéraux) qui peuvent être remplis de CO2.
Figure 1: Diagramme de réservoirs de stockage de CO2 sur terre et en mer
Source et Description
Source : Agence internationale de l’énergie
Description : Cette infographie illustre la structure des réservoirs de stockage de CO2 sur terre et en mer. Un réservoir de stockage de CO2 se compose de plusieurs couches : les morts-terrains (couche supérieure de roche et de sol au-dessus de la formation de stockage de CO2), la roche couverture (couche de roche imperméable qui scelle le réservoir), le réservoir (couche de roche poreuse et très perméable qui stocke le CO2) et la couche inférieure de roche couverture qui scelle le fond du réservoir. Les puits d’injection injectent le CO2 dans le réservoir, où il est stocké de façon permanente.
Idéalement, un réservoir de stockage de CO2 a une porosité et une perméabilité élevées, permettant ainsi d’y injecter et d’y stocker d’importants volumes au fil du temps. Outre ces propriétés, un réservoir de stockage géologique du carbone convenable doit présenter les caractéristiques suivantesNote de bas de page 7 :
- une pression normale ou inférieure à la normale pour permettre des taux d’injection de CO2 plus élevés.
- une profondeur supérieure à 800 mètres, où la pression souterraine est suffisamment élevée pour maintenir le CO2 dans son état le plus dense et le plus comprimé (état supercritique).
- Par exemple, en Alberta, le stockage du CO2 sans RAH doit se faire à au moins un kilomètre sous la surfaceNote de bas de page 8.
- une structure appelée « piège » qui contient le CO2 et l’empêche de migrer;
- une capacité suffisante pour recevoir les volumes annuels prévus de CO2 injecté tout au long du cycle de vie du projet (habituellement 20 ans ou plus).
Depuis les années 1970, le CO2 est injecté dans les anciens gisements de pétrole pour la RAH avec CSC. Au Canada et ailleurs dans le monde, la RAH a permis d’établir la viabilité commerciale des premiers projets de CSC et a contribué à créer une valeur économique pour le CO2, avant les politiques de tarification du carbone, permettant certains des premiers projets de CSC au monde (tableau 1).
Tableau 1 – Installations de stockage de CO2 en exploitation dans l’Ouest canadien
Installation | Entrée en service | Province | Lieu de stockage | Source de CO2 | CO2 stocké annuellement (Mt/a) | Estimation du stockage total de CO2 (Mt) | Estimation du CO2 stocké en 2021 (Mt) | Type d’installation | Exploitant | |
---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|
Joffre | 1982 | Alberta | Près de Joffre | Usine d’éthylène de NOVA Chemicals (Joffre, en Alberta) | 0,02 | 5 | 1,5 | RAH avec CSC | Whitecap Resources | |
Weyburn | 2000 | Saskatchewan | Près de Midale | Centrale électrique Boundary Dam de SaskPower (Estevan, en Saskatchewan)
Usine de combustible synthétique de Great Plains (Beulah, dans le Dakota du Nord) |
2,0 | 75 - 115 | 34,0 | RAH avec CSC | Whitecap Resources | Note de tableau a |
Midale | 2005 | Saskatchewan | Près de Midale | Usine de combustible synthétique de Great Plains (Beulah, dans le Dakota du Nord) | 0,19 | 32 | 5,0 | RAH avec CSC | Cardinal Energy | Note de tableau b |
Chigwell | 2007 | Alberta | Près de Ponoka | Usine de production d’éthylène glycol Prentiss 2 de MEGlobal (près de Joffre, en Alberta) | Note de tableau * | 3,7 | Note de tableau * | RAH avec CSC | AlphaBow Energy | Note de tableau c |
Aquistone | 2009 | Saskatchewan | Près d’Estevan | Centrale électrique Boundary Dam de SaskPower (Estevan, en Saskatchewan) | Note de tableau * | 34 | 0,4 | Aquifère salin | Petroleum Technology Research Center (« PTRC ») | Note de tableau d |
Quest | 2015 | Alberta | Près de Thornhill | Usine de valorisation de Scotford (près d’Edmonton, en Alberta) | 1,13 | 27 | 7,9 | Aquifère salin | Shell Canada Ltée | Note de tableau e |
Clive | 2020 | Alberta | Près de Clive | Usine d’engrais d’Agrium (près de Redwater, en Alberta)
Raffinerie Sturgeon de North West (près de Redwater, en Alberta) |
1,4 | 12,4 - 18,8 | 2,2 | RAH avec CSC | Enhance Energy Inc. | Note de tableau f |
Sources
Sources : L’Accélérateur de transition (Review of Carbon-Dioxide Storage Potential in Western Canada, août 2022) (en anglais), Alberta Energy Regulator (Quest 2022 report (en anglais) et ACTL 2021 report (en anglais)), Whitecap Resources Inc. (en anglais), PTRC – Aquistore (en anglais).
Potentiel de stockage du CO2 du Canada
Le potentiel de stockage géologique du CO2 sans RAH de l’Ouest canadien est important. Ainsi, selon une étude réalisée en 2015 par le département de l’Énergie des États-Unis, l’Alberta, la Saskatchewan, le Manitoba et la Colombie-Britannique ont respectivement un potentiel de stockage estimé à 78,3 milliards, 286,2 milliards, 13,2 milliards et 1,87 milliard de tonnes de CO2Note de bas de page 9. Or, ces estimations pourraient être révisées au fur et à mesure des recherches. Par exemple, une étude de 2022 de Geoscience BCNote de bas de page 10 estime que le Nord-Est de la Colombie-Britannique possède à lui seul un potentiel de stockage de 4,23 milliards de tonnes de CO2, soit plus de quatre fois l’estimation de 2015 du département de l’Énergie des États-Unis pour la province. Le potentiel de stockage du CO2 est également important sur les côtes canadiennes. Par exemple, l’estimation médiane de stockage au large de la Nouvelle-Écosse est de 177 milliards de tonnesNote de bas de page 11. La capacité de stockage du Canada pourrait théoriquement permettre de stocker les émissions annuelles de CO2 du pays (708 millions de tonnes en 2022) pendant des centaines d’années.
Bien que la RAH continue d’offrir une voie économique viable pour le CSC au Canada, de plus en plus de projets en développement sont conçus avec un stockage géologique dédié, où le CO2 est injecté dans une formation géologique et stocké sans production de pétrole. À l’heure actuelle, 11 installations de stockage de CO2 sont associées à des projets de CSC en développement dans l’Ouest canadien (tableau 2). En outre, plus de 25 nouveaux projets de CSC ont été choisis par le gouvernement de l’Alberta en 2022 pour être évalués, et tous ces projets comprennent le stockage du carbone ou s’appuient sur le stockage du carbone par des tiers.
Tableau 2 – Projets canadiens de CSC avec stockage géologique dédié (adaptation du rapport de 2024 du Global CCS Institute)
Nom du projet | Province | État du projet | Année prévue de mise en service | Type de projet | Capacité en millions de tonnes par année (Mt/a) |
---|---|---|---|---|---|
Plateforme du Sud-Est de la Saskatchewan de Whitecap Resources | Saskatchewan | En développement | 2024 | Transport et stockage de CO2 | 4,2 |
Carrefour de stockage de carbone Atlas de Shell | Alberta | En construction | 2025 | Transport et stockage de CO2 | À déterminer |
Projet Polaris de Shell (complexe Scotford) | Alberta | En construction | 2025 | Hydrogène et produits chimiques | 0,65 |
Carrefour de carbone Wolf Lamont | Alberta | En développement | 2025 | Transport et stockage de CO2 | À déterminer |
Usine à gaz Glacier d’Entropy, phase 2 | Alberta | En construction | 2026 | Production d’électricité et chauffage | 0,16 |
Cimenterie d’Edmonton d’Heidelberg Materials | Alberta | En développement | 2026 | Ciment | 1 |
Carrefour de CSC Cold Lake de Strathcona Resources | Alberta | En développement | 2026 | Raffinage du pétrole | 2,2 |
Carrefour de carbone Battle River d’Heartland Generation | Alberta | En développement | 2027 | Transport et stockage de CO2 | À déterminer |
Projet Rocky Mountain de Vault 44.01 | Alberta | En développement | 2027 | Transport et stockage de CO2 | 1,0 - 1,3 |
Projet de CCS de Varme Energy et Gibson | Alberta | En développement | 2027 | Valorisation énergétique | 0,1 |
Pathways Alliance Oil Sands Pathways to Net Zero | Alberta | En développement | 2030 | Production de pétrole et de gaz | À déterminer |
Sources
Sources : Global CCS Institute (Global Status of CCS 2024 (en anglais)), RNCan, Entropy Inc. (en anglais), Heidelberg Materials (en anglais), Decarb Connect (Wolf Lamont Carbon Hub (en anglais), Strathcona Cold Lake CCUS Hub (en anglais)), Heartland Generation (en anglais), Rocky Mountain Carbon (en anglais), Gibson Energy (en anglais), gouvernement du Canada, Shell (en anglais).
Au Canada, les provinces ont compétence sur leurs ressources souterraines et réglementent certaines activités liées au CSC, dont le stockage géologique du CO2 :
- L’Alberta a adopté un cadre réglementaire complet visant le CSC. L’Alberta Energy Regulator réglemente les installations de captage du CO2, les pipelines de CO2, ainsi que les activités souterraines de stockage du CO2Note de bas de page 12.
- Le ministère de l’Énergie et des Ressources de la Saskatchewan réglemente le développement du stockage souterrain dédié au CO2 dans la province, ainsi que la RAH avec CSCNote de bas de page 13.
- Le gouvernement de la Colombie-Britannique a adopté la Energy Statutes Amendment Act en 2022 afin de mettre à jour son cadre réglementaire visant le CSCNote de bas de page 14. Le British Columbia Energy Regulator est chargé de réglementer les activités liées au CSC, dont le stockage du CO2Note de bas de page 15.
- Le 4 juin 2024, le gouvernement du Manitoba a adopté la Loi sur le stockage de carbone capté, qui établit un cadre réglementaire visant la délivrance de permis et l’exploitation du CSC dans la provinceNote de bas de page 16.
- L’Ontario applique une approche progressive pour permettre et réglementer le stockage du carbone dans la province. En mars 2023, elle a levé l’interdiction relative au développement du stockage souterrain du carbone. En juin 2023, le gouvernement de l’Ontario a modifié la Loi sur les ressources en pétrole, en gaz et en sel afin de permettre des « projets particuliers » visant à faire la démonstration du stockage du carbone. Cette modification a été suivie de la publication du règlement d’application de la Loi en janvier 2024Note de bas de page 17. En août 2024, la province travaillait à la conception d’un cadre réglementaire visant les projets commerciaux de stockage géologique du carboneNote de bas de page 18.
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